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Elections législatives : les enjeux du second tour

La décision du président de la République Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, sitôt passé le solstice d’été et un mois avant que le monde entier doive poser ses yeux sur la « grande fête » des Jeux olympiques, avait plongé le pays dans la stupeur. Même les plus fins observateurs n’avaient envisagé l’hypothèse que pour mieux la reléguer à un futur indéfini, tant le timing semblait ne pas s’y prêter.

L’ensemble de la population était donc convié aux urnes ce dimanche juin pour élire de nouveaux députés, avec en jeu un changement de gouvernement, voire une cohabitation.

Le RN en tête d’une élection marquée par une participation record

Loin du sentiment diffus d’un semblant d’endormissement et de résignation qui semblait jusqu’alors prévaloir, les Français.e.s se sont rendu.e.s très massivement aux urnes, portant le taux de participation à un historique 66,7 %. Du jamais vu depuis presque 30 ans (33,3 % d’abstentionnistes contre 32 % à l’époque) et, surtout, la fin d’une augmentation systématique de l’abstention qui semblait relever d’un mouvement imperturbable. Un geste fort, donc, qui traduit aussi bien l’intérêt manifesté envers la politique qu’un acquiescement plus ou moins franc à l’un des programmes et projets de société brandis par les trois grands blocs. Il s’agit, également, de la poursuite d’un vote sanction envers une coalition présidentielle en perte de vitesse, qui échoue à la troisième marche du podium (20 % des suffrages exprimés), devant les Républicains (6,7 %), mais loin derrière le Nouveau front populaire (28 %) et surtout le Rassemblement national (33,1 %), qui confirme et renforce son score des élections européennes et ne s’est jamais trouvé aussi près de l’accession au pouvoir.

 

Un vote traduisant une France morcelée

Cette participation massive, n’en doutons pas, ne s’est pas faite dans un esprit de liesse et de quiétude, sous le pépiement des lendemains qui chantent et la douce chaleur des jours heureux. La défiance à l’encontre de la politique et de ses représentants est toujours présente, tout comme la ligne claire de la préoccupation centrale des Français autour du pouvoir d’achat, qui ne sera pas réglée au lendemain du 7 juillet et sur laquelle ils attendent des solutions concrètes et rapides. Mais leur volonté de se faire entendre par les urnes, elle, ne saurait être remise en question. Et, loin de la foire à l’empoigne, de la cacophonie et des invectives étalées en toute démesure sur les plateaux télé les soirs électoraux, le message délivré est que chaque voix compte et la sienne propre ne doit pas être stigmatisée. Difficile malgré tout d’invoquer quelque esprit de concorde, tant les blocs en présence ne se portent pas dans les cœurs les uns les autres, voire se vouent une animosité belliqueuse.

Qu’en est-il des triangulaires ?

Place au second tour, ce dimanche, pour entériner les résultats définitifs. Avec en creux la question de résolution des triangulaires, pour réduire les chances du Rassemblement national de se voir attribuer une majorité absolue. La ligne LR (hors dissidents) est aussi claire (pas une voix pour le RN, ni pour LFI) qu’elle l’est pour le Nouveau front populaire, qui a indiqué que chacun de ses candidats arrivés en troisième position là où le RN a terminé en tête se retirerait afin de pérenniser les chances du candidat dit « républicain ». Son de cloche plus ambigu chez Renaissance, où le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé « le désistement de [leurs] candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député RN face à un autre candidat qui défend comme [eux] les valeurs de la République », tout en entretenant des réticences face à une France insoumise selon lui « largement rejetée par les Français » quand d’autres (Édouard Philippe, Bruno Le Maire ou Aurore Bergé) n’ont pas fait grand cas de leur position : pas une voix au RN, ni à la LFI. Selon les informations de France Info, finalement, sur toutes les circonscriptions où s’est qualifié un candidat du RN ou allié, il n’y aura que 92 triangulaires sur les 299 possibles, avant désistement. Suivant la consigne édictée par le Nouveau front populaire, 126 de ses candidat.e.s se sont retiré.e.s. Du côté de Renaissance, 81 candidat.e.s en ont fait de même, à l’exemple de 5 ministres.

À la veille de ce suffrage indécis, inutile d’épiloguer sur l’identité du futur Premier ministre qui devra prendre la relève de la politique intérieure. L’hypothèse selon laquelle émergerait une majorité claire apparaît peu probable, et si la future représentation nationale pourrait se montrer assez représentative du vote de la population, c’est bien une période, si ce n’est de blocage, du moins de turbulences institutionnelles qui pourrait s’ouvrir.

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